Retour sur le salon Luxembourg Healthcare Summit 2017

L’équipe de Versusmind a souhaité participer au salon Luxembourg Healthcare Summit 2017. Nous avions plusieurs motivations qui chacune ajoutée à l’autre, faisaient de notre présence une évidence.

En premier lieu, nous sentons tout autour de nous le monde de la santé se transformer à très grande vitesse. Nos clients, les hôpitaux que nous accompagnons dans l’évolution de leurs systèmes d'information, les médecins pour qui nous créons de nouveaux outils ou encore les organisations parapubliques de la santé, voient tous que leur métier, au travers de ses usages, voire même de ses fondamentaux est en train de considérablement se transformer, de “se disturper “ pour utiliser un barbarisme à la mode dans le monde de l’IT.

En second lieu, nous voyons la technologie que nos ingénieurs manipulent au quotidien est arrivée à maturité. Elle permet aujourd’hui de construire enfin ce qui semble être l’évidence, une information médicale unique, intelligente, maîtrisée et partagée aux bons acteurs. Enfin, comme l’histoire de Versusmind est marquée par des partenariats très forts de santé et des projets d’innovation médicale, nous sentions la nécessité d’assister à l’état de l’art de l’e-santé au Luxembourg, pays différent, mais tellement proche pour nous qui vivons à quelques encablures du Grand Duché. Alors voici un petit résumé des impressions et des tendances qui ressortent pour nous de ce salon.

 

La cible identifiée : une médecine à 4P

Tous les acteurs du secteur médical s’accordent sur une description de ce que doit être la médecine de demain avec l’apport technologique. La médecine doit être :

  • Prédictive
  • Préventive
  • Personnalisée
  • Participative

Retour sur le Patient 4P, domaine Prédictif

La médecine pour les patients 4P doit être prédictive.

Cette prédictivité est par exemple liée au domaine des maladies génétiques. Le but est de prévoir et d’anticiper les affections qui pourront affecter le patient dans le futur.

Une attention toute particulière doit être apportée à la médecine prédictive, notamment pour ne pas faire de raccourcis hâtifs, pouvant être plus ou moins justes, voire faux ou à des modélisations trop simplistes. Se tromper sur les postulats de départ, c’est assurément avoir à l’arrivée des résultats non significatifs ou erronés.

L’utilisation de l’Intelligence Artificielle et des patterns peuvent être utiles pour définir de bons modèles réalistes, afin de garantir un aspect prédictif pertinent.

Guérir, c’est bien. Prévenir, c’est encore mieux!

Retour sur le Patient 4P, domaine Préventif

Pour les patients 4P la prévention peut être un atout majeur et décisif pour contribuer à rester en pleine forme ou retrouver sa pleine forme.

L’utilisation de “Serious games” adaptés au public ciblé (jeunes ou moins jeunes, séniors, personnes âgées) peut permettre aux patients concernés de se prendre au jeu et de participer activement à leur bonne santé, sans subir et sans être de simples consommateurs de médecine.

La médecine préventive peut permettre d’empêcher ou de réduire l'apparition de maladies ou d’en réduire la gravité et les complications.

Retour sur le Patient 4P, domaine Personnalisation

Trop souvent, dans le passé, les patients étaient “étudiés, observés” par les différents professionnels de santé, puis laissés de côté pour la phase de prise de décisions sur les étapes à mener pour réaliser les soins.

En discutant avec les patients, il apparaît que la majorité d’entre eux souhaite être acteurs dans les choix les concernant et les choix doivent être personnalisés au cas par cas, pour chaque individu. Plus la médecine prend en compte les prédispositions et les modes de vie de chaque personne, meilleurs seront le choix et la pertinence du traitement, tout en limitant les effets secondaires indésirables.

Plus que jamais, le patient le souhaitant doit être au cœur de ce qui le concerne, intégré au “parcours patient” et à la communication.

Vers un cinquième P?

Nous pouvons y rajouter de notre avis un 5e P : le patient. En mettant le patient au coeur du dispositif de santé, nous opérons une véritable transformation du modèle qui jusqu’à présent était contraint par les structures (hôpitaux, médecins, etc.) et leurs cloisonnements. Le patient, jusqu’à présent, était trop souvent tenu à l’écart du dispositif thérapeutique. Il y avait les “sachants” (qui ont la connaissance, le savoir) et on ne pensait même pas qu’il y avait le patient (souvent injustement qualifié “d’ignorant”), un humain.

Ce “cinquième P” a pour vocation de centrer la médecine à mettre en place autour du patient. Rendre le patient réellement “acteur”, c’est assurément le prendre en considération, et ajouter des chances importantes pour le bon rétablissement de sa santé.

Les données : une galaxie à explorer

Le tsunami

Les technologies actuelles commencent à nous permettre d’accéder à une infinité de données : aux données biomédicales pures s’ajoute aujourd’hui une infinité de données patients riches en termes d’information sur son mode de vie, ses interactions et son environnement.

Par exemple, les bracelets connectés renvoient quelques données médicales, mais montrent également comment je bouge, à quelle fréquence je fais du sport, avec qui, etc. Les réseaux sociaux et mes achats sur internet témoignent avec une transparence confondante mon mode de vie, mes loisirs ou encore ma catégorie sociale. Autant de facteurs, autant de données qui peuvent avoir une incidence forte sur la maladie, sur son traitement, sur son apparition. C’est même le cas pour les maladies génétiques pour lesquels ces facteurs ont une corrélation significative sur ces dernières.

Nous n’en sommes qu’au balbutiement. Actuellement beaucoup de données sont disponibles, mais nous ne savons qu’en faire. Elles sont trop souvent isolées, non structurées (c’est l’exemple du tsunami de données). Alors pour l’instant le réflexe des chercheurs et des praticiens est de les stocker, de les mettre de côté pour pouvoir les exploiter le moment venu lorsque la technologie sera disponible. Dans le monde des données, rien n’est inutile ou inexploitable. Il est important de conserver, même si l’intérêt et les profits tardent à apparaître.

La sémantique

De notre avis personnel d’ingénieurs, une piste à creuser est d’ajouter une couche sémantique pour les exploiter et générer ensuite des données qui alimenteront la masse de données exploitables. Attention à garder toutes les données, même celles qu’on ne sait pas exploiter actuellement, car on sera peut-être un jour capable de les exploiter.

L’isolement

Le cycle de conférence du Luxembourg Health Summit nous montre également à quel point l’isolement et le cloisonnement sont une des grosses problématiques à solutionner dans les années à venir.

Les objets connectés qui sont de plus en plus présents dans la vie de tous les jours fournissent des données qui sont trop souvent non exploitées, car non reliées avec les autres données et restant trop souvent « juste » sur le smartphone.

Communication, partage et traitement de l’information : sujets clés!

Avoir des “briques d’information” pertinentes est un prérequis pour mettre en place des traitements de l’information de qualité. Mais sans communication, partage, croisement, l’utilité de ces informations, quelle que soit leur qualité, ne peut être que décevante.

Même si nous n’en sommes qu’aux balbutiements, de gros besoins sont identifiés en termes de mise en place de communication fiable, sécurisée, pertinente, pour traiter de manière efficace les problématiques des envois, échanges, accès.

Les acteurs interagissant dans ces échanges ont des profils variés et des besoins différents. On peut citer par exemple les soignants, les professionnels de santé, les établissements de soins, les aidants, les accompagnants, sans oublier le patient lui-même.

Dans le monde de la communication, de nombreux challenges sont à relever pour imaginer et mettre en place des solutions efficaces, pertinences, sécurisées, en ayant le souci d’intégrer et de faire participer le patient.

Des modifications profondes des pratiques médicales

La salle d’opération ouvre grand ses portes à la digitalisation !

De nombreux assistants “non humains” s’invitent auprès des professionnels de santé (chirurgiens, anesthésistes, infirmiers …) dans le cadre de leur travail quotidien au bloc opératoire pour toujours mieux soigner les patients.

Beaucoup de ces nouveaux périphériques digitaux génèrent de plus en plus de données, qui sont à garder sans compression. Un certain nombre des données générées servent immédiatement au cours de l’opération, d’autres pourront être utilisées a posteriori, pour le patient lui-même ou pour d’autres utilisations (formation, études, Big Data, ....)

L’espace dans les salles d’opération étant assez restreint et contraignant, la fibre optique est un média unique de choix pour la communication et l’échange de données.

De l’hospitalisation longue à la médecine ambulatoire

Voici une partie qui n’était pas exprimée directement au Luxembourg Healthcare Summit 2017, mais qui apparaissait en pointillé de chacune des interventions des différents speakers : les mutations profondes des pratiques des hôpitaux qui sont en train de s'opérer et qui constituent une tendance de fond.

L’effet ciseau des restrictions budgétaires et de la révolution technologique transforment l'hôpital. De plus en plus, les phases d’hospitalisations sont optimisées, afin de réduire au maximum la présence des patients pour les périodes ne nécessitant pas de soins ou de contrôles particuliers. De plus en plus d’interventions se font ainsi en ambulatoire.

Le patient se rend donc dans les établissements de santé pour les phases de soins le nécessitant, et en ressort au plus vite. Une fois “dehors”, le patient continuera des phases de suivi ou de soins, chez lui ou dans d’autres centres de soins.

La notion de “parcours de soins” prend encore une fois tout son sens, et il est toujours capital d’intégrer le patient dans les choix, les mises en place de traitements et des étapes à venir, pour qu’il soit acteur et / ou moteur des décisions le concernant et de son rétablissement.

Le challenge du suivi des patients en dehors des établissements de soin

Le traitement de maladies longues comme les cancers est de plus en plus organisé en phases courtes d’hospitalisation (chimiothérapie, chirurgie) et le reste du temps le patient est en dehors des établissements de soin (cures, hospitalisations à domicile ...). Il est alors capital, qu’il ne se sente pas abandonné et qu’il connaisse son parcours de soins à venir. Il est tout aussi important, voire vital, que son suivi à distance puisse être réalisé en cas de besoin.

Dans ce cadre, la prise d’informations via des objets connectés, l’envoi et le partage des données vers des personnels de soin, infirmiers, aidants, famille… peuvent être capitales pour soigner de manière efficace et pertinente les patients dans leur environnement familier (“leur” maison, au milieu de “leur” cercle de connaissances, dans “leurs” habitudes, avec “leurs” animaux de compagnie). Par exemple, une suspicion de début d'hémorragie traitée à temps est soignable, alors que la vie du patient peut être en jeu si la détection et le début de traitement sont trop tardifs.

Les objets connectés sont également des assistants de choix pour les patients, en les accompagnant dans les actions à réaliser pour respecter leur parcours de soins (prise de médicament, rendez-vous médecin, bouger plus, s’hydrater, ...)

Du parcours de soins au parcours de santé

Comme nous l’avons vu précédemment dans cet article, le patient doit être intégré et être partie prenante dans les choix le concernant. Le patient est donc un acteur à part entière dans la mise en place son parcours de soin.

Idéalement, le “parcours de soin” s’intègre dans un “parcours de santé”. En amont, interviennent tous les aspects liés à la prévention, puis viennent le “parcours de soin” à proprement parler, puis ensuite les aspects accompagnement, pour le retour au domicile et le maintien à domicile dans des conditions optimales.

Ainsi, le monde de la santé est en mutation structurelle profonde. Sans parler “d’uberisation”, le rôle de chacun des acteurs est en train de considérablement se transformer. Le traitement d’une maladie demain n’aura strictement rien à voir avec celui d’il y a encore une dizaine d’années. Les défis sont gigantesques. Et au-delà de l’intérêt intellectuel et économique, c’est aussi un enjeu social et sociétal. Par ce biais nous construisons le vivre ensemble de demain et Versusmind veut y apporter humblement sa pierre au gigantesque et fascinant édifice.

Dans un prochain article, nous nous proposons d’aborder les sujets liées aux données médicales comme la sécurité, l’intégrité, la confidentialité, la légalité.

Dominique Fays