Julien Conseil a rejoint Versusmind en 2016 et a directement intégré les équipes du client Cora Informatique, service informatique du groupe d'hypermarchés situé à Metz. Après avoir été en charge d'un projet de création d'API, il est aujourd'hui le référent technique des sujets back-end pour la plateforme Drive. Dans cette interview, Julien retrace son parcours puis donne sa vision du métier de consultant pour le retail et notamment la partie e-commerce.
Bonjour Julien, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Peux-tu me dire quel est ton métier et quelles sont tes spécialités ?
Je suis développeur sénior PHP avec des affinités DevOps. Auparavant, j’avais un profil plutôt full stack et de direction technique. J'intervenais sur des applicatifs client (app iOS, site full Flash, HTML5, jQuery) et back-end (PHP Symfony, ASP.NET et gestion des serveurs).
Depuis quand travailles-tu chez Versusmind ?
J’ai rejoint Versusmind en septembre 2016. La semaine suivante, j’étais déjà intégré aux équipes du client Cora Informatique. Cora Informatique se situe à Metz mais est le Service Informatique de tous les magasins en France (63 en majorité dans le Nord-Est du pays). Il gère l'infrastructure et les applications des magasins. En réalité, Cora Informatique est une entité qui appartient au groupe mais qui agit comme une société de service pour Cora. Le service développe lui-même ses logiciels et outils (de gestion des stocks, et préparation de commande, de logistique d’achat, applications embarquées).
Je ne travaille donc pas dans les locaux de Versusmind mais je suis déjà passé ponctuellement à l’agence pour réaliser un audit sur l’API PHP pour un client ou des tâches en best efforts sur du Wordpress.
Pour quels secteurs d’activité as-tu été amené à travailler ? Avais-tu déjà une expérience dans le e-commerce avant d’arriver chez Versusmind ?
Tout au long de mon parcours, j’ai été amené à gérer une équipe de développement pour différents secteurs d’activité : dans le domaine de la communication (en agence digitale), dans le domaine sportif ou encore dans le domaine bancaire. Je n’avais jamais réellement travaillé pour un acteur du e-commerce.
Si j’ai rejoint les équipes de Cora Informatique, c’était à l’occasion de leur nouveau projet qui consistait à créer une API afin de connecter l’application mobile et le service Drive. Mon profil a matché car j’avais la chance d’avoir déjà mené des projets de ce type dans mes expériences précédentes. Je possédais ainsi l’expertise et le domaine de compétences (PHP) nécessaire au développement du projet.
Aujourd’hui, quelles sont tes missions chez Cora Informatique ?
Je suis référent technique sur tous les sujets backend concernant la plateforme Drive (API, flux entrant/sortant, coordination avec les équipes Front et Mobile, chaîne CI/CD, qualité de code).
Actuellement, Cora possède deux sites distincts :
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● Cora.fr : qui est un site plutôt institutionnel à destination des clients qui présente les services d’un magasin (prospectus, campagnes de fidélité, location de véhicules, etc)
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● Coradrive.fr : un site e-commerce pour la commande de courses en Drive ou en livraison
Chaque site est autonome mais les deux ont une base de données clients commune sur lesquels les utilisateurs peuvent se loguer, consulter leur avantages fidélité, gérer leur carte de paiement, etc.
Comme évoqué juste avant, ma mission de départ était de mettre en oeuvre toute l'architecture d'une API (destinée à une nouvelle application mobile) qui devait par la suite pouvoir servir également pour le site Drive. Il a ainsi fallu réaliser une API Rest en PHP après avoir choisi les bons composants et le Framework à retenir (qui s'est avéré être Laravel). J'ai travaillé en totale autonomie sur les endpoints de l'API (la couche de sécurité et la transformation des données en Json que consomme l'application) mais surtout également sur l'écriture d'une nouvelle librairie suivant le Domain Driven Design.
Nous avons donc par la suite fait une mise à jour technique du site Drive afin de supprimer l'ancien code Legacy pour adopter cette nouvelle librairie PHP et couvrir les besoins du site en mixant du contenu pur PHP et d'autres en VueJS consommant du Json de la nouvelle API. J'ai pu également faire adopter à Cora le versionning avec git en abandonnant svn et mettre en place nos chaînes d'intégration et de déploiement continues (CI/CD). Les mises en production pouvaient enfin se faire par déploiement de packages préparés et non plus par téléchargements de fichiers via FTP.
Depuis un peu plus d’un an, nous sommes également sur un projet de plateforme mise en place pour fusionner les deux sites cora.fr et coradrive.fr. Celui-ci servira tous les services : des avantages fidélité aux passages de commandes en passant par la découverte des produits. Il n’est pas encore en ligne mais devrait voir le jour début novembre.
Ce projet est une petite révolution technique pour Cora. En effet, le front n’est plus du tout en PHP mais en VueJS et va consommer l’API qui répond totalement au site comme si c’était un applicatif. De plus, nous y avons intégré des solutions référentes sur le marché, comme un PIM pour enrichir les données produits et fournisseurs. Cela permettra à la nouvelles équipe “offre” de réécrire ou enrichir ces données à destination des clients et ne pas devoir se contenter de celles issues des distributeurs comme c’était le cas jusqu’alors. Ces informations du référentiel produits viennent ensuite fusionner avec les données magasin (qui gèrent leurs propres prix, leurs paramétrages pour les produits vendus au poids, etc). Un second outil d'indexation du catalogue produits et de merchandising se trouve également relié, permettant à l'équipe offre et marketing de travailler les push produits, le storytelling. Ces outils paraissent indispensables pour l’équipe e-commerce du siège, qui est une équipe dédiée au travail de l’offre produit et de la fidélité.
En quoi consiste donc ton rôle ?
À mon arrivée chez Cora Informatique, on attendait de moi une aide sur l’aspect technique. Aujourd’hui, j’ai plus de responsabilités, je comprends les enjeux et on attend de moi que je sache coordonner les équipes, être patient, être plus proactif pendant les ateliers. Je suis devenu le référent pour tous les développeurs back-end, je contrôle tout ce qui est fait et je passe en revue le code avant que celui-ci ne soit livrée et recettée au siège. Je dois m’assurer que le travail soit conforme avec les besoins et la demande.
Aussi, je veille à mettre en place les workflows entre les développeurs pour faciliter le travail en collaboration (tests automatisés, builders, packages à développer, etc). En fait, j’ai pas mal de missions en dehors du développement pour organiser les environnements de travail (mettre en place des serveurs de développement et d’intégration, par exemple).
Pour toi, quelles sont les qualités indispensables d’un consultant ?
Un consultant se doit de bien connaître et maîtriser ses outils. Ce doit être un interlocuteur ouvert et disposé à échanger avec les autres, même si ce n’est pas en lien direct avec sa technologie ou son domaine d’expertise. De plus, le consultant doit être confiant et rassurant auprès de son entourage professionnel et notamment ses clients. Il faut éviter de tomber dans la négativité facile et critiquer sans arrêt ce que font les autres ou ce que le client faisait avant. Enfin, je dirais qu’en son propre intérieur, le consultant doit savoir douter de ses acquis et se challenger pour faire mieux, puisque tout évolue tellement rapidement dehors.
Quelle importance donnes-tu à l’expertise métier (connaissances des codes, enjeux et processus de la grande distribution) sur un poste comme le tien ?
Il est essentiel de bien comprendre les enjeux du client ainsi que ses limites ou contraintes (logistiques, par exemple) afin de mieux appréhender les choix à faire et ne pas se borner à marteler la théorie et les bonnes pratiques. Parfois, la révolution peut se faire en douceur et avec patience. Je pense aussi qu’une maîtrise du code existant et des flux de données est nécessaire pour pouvoir réagir pendant les ateliers et garantir les audits de sécurité. Aussi, il faut savoir identifier les acteurs pouvant être impactés par des évolutions ou correctifs afin d’anticiper et mettre en place une bonne coordination.
J’essaye toujours de me tenir au courant de ce qui se prépare chez les autres équipes (marketing, clientèle ou logistique). Il me semble important de garder un oeil sur les évolutions à venir, qui constitueront probablement un nouveau projet. De plus, je pense qu’un expert e-commerce doit rester en veille sur l’écosystème.
Quels sont les spécificités du domaine de la grande distribution pour ton métier ?
La grande distribution est marquée par plusieurs spécificités :
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● La saisonnalité : il s’agit des promotions et catalogues relayés sur le site, l’effervescence des fêtes de fin d’années, la rentrée scolaire, etc. Elle a un impact sur les trafics sur des périodes données.
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● Les crises exceptionnelles : le confinement est un bel exemple puisqu’on a assisté aux surcharges des serveurs ou encore au surbooking réservation de planning
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● Les produits périssables : certains produits sont incompatibles avec le mode de commande ou de livraison choisi (par exemple les casiers retraits et la chaîne du froid pour les produits surgelés)
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● Le respect des réglementations en vigueur : la grande distribution diffère du e-commerce dans la cadre de la législation autour de certains produits (la vente d’alcool aux mineurs, les mentions légales, les informations consommateurs comme les zones de pêche, l’origine des produits, les labels bio alimentaire, etc)
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● La prise en compte des besoins des utilisateurs finaux
Et quelles sont les fonctionnalités du e-commerce précisément ?
Le e-commerce nécessite la prise en compte de la sécurité et de la haute disponibilité des applications. Tout fonctionne 24h/24 et 7j/7, comme si le magasin était ouvert non stop. Pour réussir dans le e-commerce, il faut savoir se démarquer et adopter des solutions de merchandising comme les référentiels produits, les PIM, les moteurs de recherches, le SEO, l’accessibilité ou encore le cross-selling. Toutefois, une marque ne peut pas tout faire. À notre niveau, il faut savoir aussi bien identifier un client en magasin d’un client sur le site.
Le fait de travailler sur des missions en lien avec une plateforme Drive t’a-t-il demandé des compétences supplémentaires ? Des méthodes, outils que tu connaissais pas auparavant ou des formations nécessaires ?
D’un point de vue technique, ce projet ne m’a pas spécifiquement demandé de compétences supplémentaires. J’ai néanmoins suivi une formation en VueJS afin de mieux appréhender le nouveau Front mis en place. En l’absence de l’équipe Front, il faut en effet pouvoir analyser et patcher en cas de besoin. J’ai également pu développer ma capacité à être multitâche pour détecter plus rapidement les problématiques.
Les nouveaux comportements et modes de consommations semblent plutôt positifs pour les enseignes du retail qui ont anticipé les évolutions numériques. Comment vois-tu l’avenir de l’IT dans la distribution ?
Dans la distribution, l’IT trouve sa place à tous les niveaux. Toutefois, je pense que les acteurs de la Grande Distribution vont devoir évoluer pour rattraper leur retard ou innover en termes de :
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● Logistique : automatisation, Click & Collect, casiers de retraits connectés, gestion des entrepôts, des stocks, des commandes, gestion des retours, livraison express), outils prédictifs et statistiques, analyse multi-canale, packaging, RFID, étiquetage
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● Marketing : AB testing, mesure d'efficacité, analytics, audits, mesure d'audience, content marketing, contenu de marque, ergonomie, UX
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● Relation client : sécurisation des données, RGPD, CRM, centre de relations clients, fidélisation, social marketing.
Les métiers de l’IT doivent-ils aussi évoluer ? Faire plus attention au CX ? à l’IA ?
Il est clair que les métiers de l’IT dans la grande distribution doivent permettre d’améliorer ou poursuivre la mise en place de l’expérience client. Un référentiel client unique permet de tracer tout le parcours de l’utilisateur en magasin et sur le site. Basé sur de la donnée pure, il offre la possibilité d’améliorer la segmentation du client, suivre ses habitudes de consommations et croiser cela avec des données saisonnières comme la météo, par exemple. L’expérience en magasin est concernée également avec les PLV dynamiques ou les étiquettes RFID. En fonction du contenu du panier ou caddie physique, le parcours en magasin doit se personnaliser, et croiser également avec les habitudes online. D’ailleurs, les Customers Marketing Platform sont des plateformes qui permettent de maîtriser toute l’expérience du client, ce qu’il voit quand il est sur le site.
En ce qui concerne l’utilisation de l’IA, il y a beaucoup de possibilités et de places pour piloter, par exemple, les push produits, zones de merch, l’invitation à des événements online du style ventes privées. La volumétrie de données à agréger est énorme et son analyse/exploitation d’autant plus. Les Data scientists ont de quoi faire.
Je pense que les magasins physiques vont petit à petit devenir des outils de fidélisation uniquement et que les acteurs du e-commerce trouveront plus d'interactions en ligne.
Merci Julien !
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