[Que sont-ils devenus ?] Lara Boivin - Pionnière du développement commercial
Bonjour Lara. Qui es-tu ? Peux-tu te présenter ?
Je m'appelle Lara, j'ai 29 ans. Je suis née et j'ai grandi en Lorraine. J'ai fait des études en commerce, gestion et marketing et j'ai rejoint Versusmind en 2011 lors de mon Master en alternance avec le CNAM.
Quel était ton rôle dans la société ?
J'ai été Business Development Manager pendant 5 ans chez Versusmind au siège social à Nancy. Nous n'étions que 8 à mon arrivée donc le "Development" de "Business Development Manager" a pris différentes formes, et j'étais sur tous les fronts ! J'ai eu la chance de pouvoir participer à la croissance fulgurante de l'entreprise ainsi qu'à l'ajustement de l'offre de services. J'étais chargée de trouver de nouveaux clients et de maintenir le lien avec ceux qui nous faisaient déjà confiance. En parallèle, je devais rechercher et recruter des consultants dont les valeurs correspondaient à celles de Versusmind.
Comme l'équipe était très petite au début, je m'occupais également de certains achats, événements et, maladroitement, des réseaux sociaux.
Qu'est-ce qui a motivé ton départ ?
Nous avons eu la chance de signer de beaux contrats et d'inscrire Versusmind comme acteur majeur du numérique dans le Grand Est. Je me suis donc retrouvée, à 25 ans, avec une équipe de plus de 20 personnes comprenant, notamment, des managers juniors que j'avais eu la chance de former. Les procédures étaient écrites et roulaient bien, le recrutement battait son plein et les autres agences devenaient progressivement autonomes et rentables. J'ai eu l'impression que mon travail était terminé et, comme j'avais toujours rêvé de tenter une expérience à l'étranger, j'ai pris la décision de partir pour le Canada.
Qu’est-ce que tu as fait de dingue depuis cette décision ?
Comme j'avais peur de ne pas réussir à m'intégrer en habitant seule, j'ai décidé de rejoindre une colocation... de 6 personnes ! J'y suis restée pendant plus de 3 ans et c'était absolument inoubliable. Avec le décalage horaire de 6h et la distance physique (5500 km soit 7h d'avion), c'était comme se créer une seconde famille.
Parle-nous de ton parcours, et de ta situation aujourd’hui ?
Même avec beaucoup d'expérience en France, mon profil ne me permettait pas d'accéder aux mêmes postes au Québec, il fallait donc presque repartir de zéro. J'ai donc passé plusieurs mois à apprendre les processus de vente au sein d'une entreprise de formation en nouvelles technologies puis je suis partie dans une entreprise de prêt-à-cuisiner en tant que manager où j'ai pu aider au développement de l'intégralité du service à la clientèle.
Je travaille aujourd'hui dans une entreprise spécialisée en comptabilité et en fiscalité internationale car impossible de faire taire mon amour pour les procédures et les réglementations.
Qu’est-ce qui est différent / surprenant dans la vie professionnelle canadienne ?
Tout d'abord, le marché est extrêmement dynamique. Par exemple, il n'y a pas de durée de préavis obligatoire donc il est possible de partir du jour au lendemain (même si dans les faits, les gens donnent quand même 2 semaines). L'entreprise peut elle aussi licencier quelqu'un très facilement, même après plusieurs années de bons et loyaux services.
Autre point intéressant, le présentéisme est très mal perçu. Rester au travail alors que la tâche de travail est supposée être terminée indique soit que la charge de travail a été mal estimée soit que la personne est... inefficace. L'équilibre entre la vie personnelle et professionnelle est très important et il y a beaucoup de sensibilisation sur la santé mentale.
Par contre, le point négatif le plus important à mes yeux est le nombre de semaines de congés payés. En France c'est 5 semaines minimum contre 2 (éventuellement 3) ici. Et en tant qu'expatriée, je n'ai pas vraiment d'autre choix que d'utiliser ce temps pour rentrer en France voir ma famille.
As-tu pris l’accent québécois ?
Certains amis me disent que oui mais je pense que c'est très léger. Par contre j'ai intégré énormément de mots et d'expressions dans mon vocabulaire de tous les jours :
- "courriel" au lieu de "mail"
- "prendre une marche" au lieu de "se promener"
- "être pognée" au lieu de "être coincée / bloquée"
- "se chicaner" au lieu de "se disputer"
- "gougounes" au lieu de "tongs"...
Le plus dur pour moi c'est de devoir dire "chocolatine" au lieu de "pain au chocolat" ; mais il faut savoir s'adapter. Certains mots ont aussi une signification différente au Québec qu'en France, c'est le cas de "gosses" par exemple (faites une petite recherche rapide, attention c'est NSFW).
Ton passage chez Versusmind a-t-il eu un impact sur ta vie ?
J'ai beaucoup appris chez Versusmind et cela a non seulement impacté ma manière de travailler mais aussi ma personnalité et mes valeurs. Tout d'abord, être une femme dans un environnement majoritairement masculin n'était pas forcément évident. On ne me prenait pas toujours au sérieux et je devais mettre les bouchées doubles pour me faire entendre et respecter. Le féminisme était déjà une cause importante à mes yeux à l'époque mais c'est devenu, au fil des années, mon cheval de bataille.
L'autre trait majeur que j'ai développé via mon expérience à Versusmind, c'est ma résilience. En tant que "jeune" et "petite" entreprise du numérique, il était parfois difficile d'obtenir des rendez-vous avec les clients. Nous étions en concurrence avec des mastodontes, présents sur le marché depuis toujours et avec une politique de prix très agressive. Nous avons mis parfois plusieurs années avant d'être crédibles aux yeux de nos clients et de signer certains contrats. Et derrière toutes ces années de travail, ce sont des milliers d'heures de route avec ma petite Nissan Micra, des réveils à 6h du matin pour un rendez-vous client de 15 minutes à 160 kilomètres, des sandwiches triangles mangés sur le pouce dans un parking de zone commerciale,... bref, de la résilience et de la ténacité !
Qu’as-tu apprécié chez Versusmind ?
Versusmind reste mon expérience professionnelle la plus riche à ce jour. J'ai beaucoup aimé qu'on me fasse autant confiance et qu'on me laisse essayer différentes approches. Aussi, notre offre s'est ajustée tout au long des années donc quand certains produits ou services ne fonctionnaient pas, on trouvait une solution créative ou une nouvelle approche et c'était reparti ! De l'amélioration continue, c'est ça le secret !
Est-ce que tu nous suis sur les réseaux ?
Je continue de lire toutes les actualités de Versusmind ! Que ce soit sur Facebook, LinkedIn ou Instagram, j'aime voir l'évolution de l'entreprise et retrouver certains visages familiers dans les photos et articles.
As-tu quelque chose à ajouter ?
Cela fait maintenant 4 ans que je suis au Canada et les efforts à déployer pour y rester sont considérables et coûteux (que ce soit financièrement ou d'un point de vue psychologique). On est souvent très content de partager de belles images des endroits que l'on découvre mais on a tendance à cacher le stress lié aux permis de travail ou simplement le chagrin que l'on ressent quand on rate les événements importants de notre famille ou de nos amis en France. Surtout en ce moment avec les frontières fermées entre nos deux pays. Soyez indulgents avec vos amis expatriés !
Merci Lara pour ces nouvelles fraîches et agréables !
Le Canard Versusmind